• Matthieu Ricard

     

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    Que faut-il entendre par réalité ?

    Lundi 03 août 2009

    Pour le bouddhisme, il s’agit de la nature véritable des choses, non modifiée par les fabrications mentales que nous lui surimposons. Ces dernières creusent un fossé entre nos perceptions et cette réalité, d’où un conflit incessant avec le monde. « Nous déchiffrons mal le monde et disons qu’il nous trompe », écrivait Rabindranath Tagore. Nous prenons pour permanent ce qui est éphémère, et pour bonheur ce qui n’est que source de souffrance : la soif de richesse, de pouvoir, de renommée et de plaisirs obsédants. 
    Selon Chamfort, « le plaisir peut s’appuyer sur l’illusion, mais le bonheur repose sur la vérité ». Stendhal, quant à lui, écrivait : « Je crois, et je le démontrerai par la suite, que tout malheur ne vient que d’erreur et que tout bonheur nous est procuré par la vérité. » La connaissance de la vérité est donc une composante fondamentale d’un bonheur authentique. 
    Par connaissance, nous entendons non pas la maîtrise d’une masse d’informations et de savoirs, mais la compréhension de la nature véritable des choses. Habituellement, en effet, nous percevons le monde extérieur comme un ensemble d’entités autonomes auxquelles nous attribuons des caractéristiques qui, nous semble-t-il, leur appartiennent en propre. Selon notre expérience de tous les jours, les choses nous apparaissent comme « plaisantes » ou « déplaisantes » en elles-mêmes et les gens comme « bons » ou « mauvais ». Le « moi » qui les perçoit nous semble tout aussi réel et concret. Cette méprise, que le bouddhisme appelle ignorance, engendre de puissantes impulsions d’attraction et d’aversion qui mènent en fin de compte à la souffrance.

    Ne pas s'identifier à sa souffrance

    Samedi 25 juillet 2009

    Même lorsqu’une souffrance nous tourmente au plus haut point, nous ne sommes pas cette souffrance. Lorsque nous souffrons d’une maladie, nous ne sommes pas cette maladie. Habituellement, nous nous identifions complètement à notre souffrance et ne faisons qu’un avec elle. Pour pouvoir continuer à nous épanouir dans l’existence, il importe de comprendre que la souffrance est une maladie qui, à des degrés divers, nous affecte tous, et surtout que, au plus profond de nous-mêmes, quelque chose n’est pas altéré par les tourments de l’existence. Il faut donc d’une part repérer la souffrance qui nous affecte, et de l’autre prendre conscience de ce qui, en nous, reste inentamé.

    Ce qui nous accable, c’est tout un enchaînement de sensations et de pensées qui nous conduit à sélectionner un aspect donné de la réalité et à le laisser occuper tout le champ de nos préoccupations, ce qui a pour effet de lui conférer une importance démesurée.

    Pour remédier à cela il faut d’abord parvenir à mieux appréhender ce qui, en nous, n’est pas affecté par la souffrance. Au fond de nous-mêmes, derrière la sensation de douleur, il y a toujours une présence éveillée qui demeure, simple et paisible. Cette présence éveillée n’est pas une entité mystérieuse : c’est la nature première de notre esprit, la qualité fondamentale de la conscience qui nous permet de faire l’expérience du monde et de nous-mêmes. Si nous portons notre attention vers elle et nous reposons en elle, elle agit comme un baume sur nos tourments.  Le résultat est un regain de paix intérieure.

    Confronté à de puissantes émotions et sensations, notre esprit se trouve si souvent comme privé de son libre arbitre. Seule une réflexion profonde sur les mécanismes du bonheur et de la souffrance, une nouvelle vision des choses, une meilleure compréhension de la manière donc fonctionne notre esprit, combinées à un entraînement méthodique de l’esprit peuvent progressivement nous aider à le libérer.

    Les événements et le comportement des autres échappent dans une large mesure à notre contrôle, mais nous pouvons toujours agir sur la manière dont nous les percevons et dont nous en faisons l’expérience. Or en surmontant nos souffrances personnelles, il y a tant de choses constructives que nous pouvons entreprendre dans la vie, par exemple en nous mettant au service des autres.

    Sur la peine de mort

    Vendredi 17 juillet 2009

    En Décembre 2006, le gouverneur de Floride, Jeb Bush, suspendit temporairement les exécutions capitales des condamnés à mort parce qu’il avait fallu vingt minutes pour que l’un d’entre eux succombe à une injection létale supposée le tuer en quatre minutes. Il affirma qu’il agissait ainsi par souci d’humanité.

    Je ne vois aucune humanité dans le fait de tuer quelqu’un en quatre minutes plutôt qu’en vingt minutes. Nous ne pouvons nous poser en justicier lorsque nous tuons quelqu’un. 
    Gandhi disait que « si nous voulons prendre œil pour œil et dent pour dent, le monde sera bientôt aveugle et édenté ». La loi du talion, toujours en vigueur dans nombre de cultures, reflète elle aussi un manque d’humanité.

    Punir la mort par la mort est un acte de vengeance. Il n’est pas besoin de tuer quelqu’un pour l’empêcher de continuer à faire du mal. Le mettre en prison est suffisant. L’Etat, ou la société, s’arroge le droit de prendre une vie comme s’il s’agissait d’un paiement.

    Il y a quelques années j’ai entendu à la BBC le père d’une des victimes de l’attentat à la bombe d’Oklahoma City dire : « Je n’ai pas besoin d’une mort de plus ». En mettant à mort un meurtrier, nous ne faisons pas triompher la justice, nous ne témoignons pas de notre respect pour les victimes et leurs familles, nous ne faisons que multiplier les morts. 
    Des études psychologiques approfondies ont du reste montré que le chagrin et le deuil des parents des victimes trouvait un apaisement plus profond et durable dans le pardon que dans la satisfaction d’assister à l’exécution d’un criminel.

    Des études comparatives menées dans des états qui appliquent la peine capitale et d’autres qui y renoncent montrent systématiquement l’absence d’effet véritablement dissuasif de la peine de mort qui n’a aucune répercussion positive sur le taux de criminalité.

    Aussi la peine de mort n’est-elle autre que la loi du talion revêtue de la toge de la justice. Comme l’a dit Arianna Ballotta, la présidente de La Coalition italienne pour l’Abolition de la Peine de Mort : « En tant que société, nous ne pouvons tuer en vue de montrer que tuer est un mal ».

    Selon le rapport d’Amnesty International, les cinq pays qui ont procédé au plus grand nombre d’exécutions en 2008, ont été la Chine (au moins 1718, probablement beaucoup plus), l’Iran, l’Arabie saoudite, le Pakistan et les États-Unis d’Amérique. Ensemble, ces cinq pays on procédé à 93% de toutes les exécutions et offrent le plus grand défi en vue d’une abolition mondiale de la peine de mort.

    L’optimisme éclairé (deuxiéme partie)

    Jeudi 09 juillet 2009

    En entendant une porte grincer, l’optimiste pense qu’elle s’ouvre et le pessimiste qu’elle se ferme.

    Les psychologues ont longtemps cru que les personnes légèrement dépressives étaient les plus « réalistes ». Les optimistes en effet ont tendance à se rappeler plus souvent les événements plaisants que les situations douloureuses et à surestimer leurs performances passées et leur maîtrise des choses.

    Pourtant, des travaux récents ont montré qu’il ne faut pas se contenter de prendre en considération l’évaluation objective, distanciée et méfiante de la réalité à laquelle se livrent les pessimistes. Lorsqu’il ne s’agit pas seulement de tests qui ressemblent à des jeux, mais de situations de la vie quotidienne, les optimistes sont en fait plus réalistes et pragmatiques que les pessimistes. Si l’on présente par exemple à des consommatrices de café un rapport sur l’augmentation du risque de cancer du sein causé par la caféine, une semaine plus tard, les optimistes se souviennent mieux des détails de ces rapports que les pessimistes et en tiennent plus compte dans leur conduite. De plus, ils se concentrent attentivement et sélectivement sur les risques qui les concernent vraiment, au lieu de s’inquiéter inutilement et inefficacement de tout. Ainsi ils restent plus sereins que les pessimistes et réservent leur énergie pour de vrais dangers.

    Par ailleurs, si l’on apprend à ces personnes déprimées à remédier spécifiquement au pessimisme en transformant leur vision des choses, elles sont moins sujettes à des rechutes dépressives. Il y a des raisons précises à cela. Les psychologues décrivent en effet le pessimisme comme un mode d’explication du monde qui engendre une impuissance acquise.

    Même si l’optimiste rêve un peu quand il envisage le futur (en se disant que cela finira bien par s’arranger, alors que ce n’est pas toujours le cas), son attitude est plus féconde, car avec l’espoir de réaliser cent projets, suivi d’une action diligente, l’optimiste finira par en réaliser un grand nombre. À l’opposé, en espérant n’en réaliser que dix, le pessimiste réalisera encore moins, car il va consacrer peu d’énergie à une tâche qu’il estime compromise d’avance.

    L’espoir est la conviction que l’on peut trouver les moyens d’accomplir ses buts et développer la motivation nécessaire à leur accomplissement. L’optimiste ne renonce pas rapidement : fort de l’espoir qu’il va réussir, il persévère et réussit plus souvent que le pessimiste, surtout dans des circonstances adverses.

    Repartir de zéro (au lieu de terminer à zéro), comprendre qu’il est essentiel de faire des efforts soutenus dans la direction qui semble la meilleure (au lieu d’être paralysé par l’indécision et le fatalisme), utiliser chaque moment présent pour progresser, apprécier, agir, jouir de la paix intérieure (au lieu de perdre son temps à ruminer le passé et à redouter l’avenir)

    Comme l’écrivait Hetty Hillesum : “Quand on a une vie intérieure, peu importe, sans doute, de quel côté des grilles du camp on se trouve [...] J’ai déjà subi mille morts dans mille camps de concentration. Tout m’est connu. Aucune information nouvelle ne m’angoisse plus. D’une façon ou d’une autre je sais déjà tout. Et pourtant, je trouve cette vie belle et riche de sens. A chaque instant.”

    L’optimisme éclairé (premiére partie)

    Samedi 04 juillet 2009

    L’optimisme éclairé engendre une attitude ouverte, créatrice et libératrice qui permet d’embrasser spontanément l’univers et les êtres au lieu de se retrancher derrière le sentiment de l’importance de soi.

    Il y a de nombreuses façons de faire l’expérience du monde. Voir la vie en or, c’est essentiellement se rendre compte que tous les êtres, y compris nous-même, ont en eux un extraordinaire potentiel de transformation intérieure et d’action. C’est aborder le monde et les êtres avec confiance, ouverture et altruisme. Mais cela ne signifie pas qu’il faille se voiler la face devant la réalité et déclarer avec une naïveté béate que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le juste équilibre consiste à allier une puissante détermination et une parfaire disponibilité à venir en aide aux êtres à une vision vaste, qui ne perd jamais de vue ce potentiel de transformation même lorsque la souffrance semble omniprésente. Cela nous évite de tomber dans l’autre extrême, lequel consiste à voir la vie en gris et penser qu’elle est vouée à l’échec et au malheur, qu’on ne peut rien en faire de bon, pas plus qu’on ne peut sculpter un morceau de bois pourri.

    Comme l’écrivait Alain : « Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait de son bois au feu, au lieu de pleurer sur des cendres 10 ! »

    Mais il y a une dimension encore plus fondamentale de l’optimisme, celle de la réalisation du potentiel de transformation que nous avons souvent mentionné et qui se trouve en chaque être humain, quelle que soit sa condition. C’est finalement cela qui donne un sens à la vie humaine. L’ultime pessimisme revient à penser que la vie dans son ensemble ne vaut pas la peine d’être vécue. L’ultime optimisme, à comprendre que chaque instant qui s’écoule est un trésor, dans la joie comme dans l’adversité. Ce ne sont pas là de simples nuances, mais une différence fondamentale dans la façon de voir les choses. Un tel écart de perspectives est lié au fait d’avoir ou non trouvé en soi cette plénitude qui est seule apte à nourrir une paix intérieure et une sérénité de tous les instants.

    Ce n’est donc pas l’énormité de la tâche qui importe, mais la magnitude de notre courage.

    La beauté véritable

    Samedi 27 juin 2009

    La beauté véritable correspond intimement à la nature profonde de l’homme. L’amour et l’altruisme sont magnifiques, tandis que la haine et la jalousie sont laides. Regardons comme les premiers embellissent un visage, tandis que ces dernières le défigurent. La beauté véritable est en harmonie avec la sagesse et la compassion. Lorsque nous rencontrons un être remarquable, radieux, nous savons intuitivement que nous sommes en présence d’une personne admirable dont le visage rayonne d’une authentique bonté. La beauté véritable est le visage d’un cœur bon.

    Plus nous approchons de notre nature ultime, plus nous découvrons la beauté intérieure qui est la nôtre comme elle est celle de tous les êtres humains. L’ignorance consiste à ne pas en être conscient. Nous sommes comme le mendiant qui ne sait pas qu’une cruche d’or est cachée sous son chapeau. Pour s’engager dans une voie spirituelle authentique il convient de reprendre possession de ce trésor oublié.

    Sources d'inspiration

    Dimanche 21 juin 2009

    « L’homme le plus heureux est celui qui fait 
    le bonheur d’un plus grand nombre d’autres » 
    Denis Diderot

    “Le monde contient bien assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous” 
    Gandhi 

    “Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas.” 

    Chef Indien Cree.

    Le pardon (suite et fin)

    Lundi 15 juin 2009

    Malgré le pardon, le criminel ne peut espérer échapper aux conséquences de ses actes. Un repentant sincère ne devrait même pas demander pardon: l’important est de tout mettre en oeuvre pour créer, en toute humilité et de tout son être, un bien équivalent au mal qu’il a commis. Comment peut-on demander pardon sans réparation ? 
    Lorsqu’on évoque l’idée du pardon, il faut établir une distinction entre punition et vengeance. La société a le devoir de protéger ses membres, mais elle n’a pas le droit de se venger. Tuer est un mal absolu, qu’il s’agisse de meurtre ou d’exécution légale. Neutraliser et empêcher de nuire n’impliquent ni la vengeance ni les représailles. 
    Répondre au mal par la fureur et la violence est souvent envisagé comme une réaction courageuse, voire héroïque. Mais le vrai courage, c’est ne pas réagir par la haine. En, 1998, un couple d’Américains se rendit en Afrique du Sud pour assister au jugement de cinq adolescents qui avaient sauvagement assassiné leur fille dans la rue. Ils regardèrent les meurtriers droit dans les yeux et leur dirent : “Nous ne voulons pas vous faire ce que vous avez fait à notre fille.” De même, le père de l’une des victimes de l’attentat à la bombe d’Oklahoma déclara la veille du verdict : “Je ne veux pas d’un mort de plus.” Il ne s’agit pas de parents insensibles. Ils avaient parfaitement compris l’inutilité de l’enchaînement de la haine. Ainsi, pardonner n’est pas excuser mais abandonner la soif de vengeance. 
    Pardonner ne signifie pas absoudre : on ne triche pas avec la loi des causes et des conséquences. Une personne responsable d’actes odieux souffrira vie après vie, jusqu’à ce qu’elle en ait épuisé le potentiel négatif. Un bouddhiste voyant un homme qui a porté atteinte à autrui pense qu’il est voué à une souffrance proportionnelle à la gravité de ses actes. Cette conscience fait naître en lui non pas une pitié superficielle, mais une immense compassion pour tous les êtres : sans se délivrer de la haine et de l’ignorance, les hommes perpétuent le cycle sans fin de la douleur. Contempler l’horreur de certains crimes doit renforcer cette compassion et l’amour envers tous les êtres plutôt qu’attiser la haine envers quelques uns. 
    L’être humain n’est pas fondamentalement mauvais, mais il peut facilement le devenir. Notre ennemi le plus féroce n’est pas autrui, mais la haine elle-même. Il ne peut y avoir de désarmement extérieur sans désarmement intérieur. Il faut que tout le monde change et ce processus commence par soi-même.

    Le Pardon

    Jeudi 11 juin 2009

    A un niveau personnel, non seulement on peut toujours pardonner, mais on doit le faire. Beaucoup sont réticents au pardon du mal fait à autrui, pourtant il faut l’envisager en termes d’harmonie sociale. La société n’a nul besoin d’une absolution teintée d’indulgence, d’insouciance, ou pire encore, entachée d’une ambigüité qui confine à l’approbation. Un tel pardon laisse la porte grande ouverte à la répétition des atrocités. La société a besoin de pardonner afin d’éviter que ne se perpétuent la rancune, l’acrimonie et la haine qui vont inévitablement mûrir et se traduire par de nouvelles souffrances. La haine ravage nos esprits et ruine la vie des autres. Pardonner signifie briser le cycle de la haine. 
    Un individu, comme une société, peut tomber sous son emprise, mais ce sentiment n’est pas inéluctable et peut disparaître de l’esprit de l’homme : voyez comme une rivière polluée peut retrouver sa pureté initiale et son eau redevenir potable. Sans la possibilité d’un changement intérieur, l’humanité se trouverait prisonnière de l’enchaînement du mal, du désespoir et des défaites sans fin, qu’elle s’infligerait à elle-même. Un proverbe bouddhiste dit : “Le seul aspect positif du mal réside dans le fait qu’il peut être purifié.” Si l’on se transforme réellement, le pardon qui vous est accordé n’est pas indulgence à l’égard des fautes passées, mais reconnaissance de ce changement. La notion de pardon est intimement liée à l’idée de transformation. 
    Du point de vue bouddhiste, au tréfonds de l’homme réside la bonté fondamentale, même chez le criminel. On compare souvent cette réalité à un lingot d’or gisant sous des immondices. En enlevant la saletée, on ne la nie pas mais on en dégage l’or pur. 
    (à suivre)

    Les moines volants

    Dimanche 31 mai 2009

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    Cette image de sept moines tibétains et bhoutanais sautant devant l’océan, fut prise en 1997 par un clair matin d’hiver. C’était en France, à Dieppe, lors d’une tournée européenne des moines du monastère de Shechen qui présentaient leurs danses sacrées.

    Contrairement aux apparences, cette image n’a été modifiée en aucune façon, elle ne résulte ni d’une exposition multiple ni d’un montage. Ces sept moines ont effectué un saut à trois reprises, et j’ai fait trois clichés avec un FM2 Nikon. Sur l’un d’entre eux on a l’impression qu’un seul moine saute à pieds joints, traverse les airs et atterrit quelque sept mètres plus loin. Or le mouvement n’est pas décomposé par une succession d’instantanés photographiques à la manière d’Etienne-Jules Marey ou d’Eadweard Muybridge, mais par le décalage temporel entre les postures des différents moines.

    Les moines étaient en fait en train de répéter un mouvement d’une danse sacrée appelée pacham ("danse des héros” en tibétain). Durant cette danse traditionnelle, qui est normalement accomplie dans la cour d’un monastère lors d’un festival annuel, les moines sautent à plusieurs reprises en touchant leur front de leurs pieds, ce qui bien sûr requiert un bon entraînement!

    On comprendra mieux ce mouvement à l’aide des autres images de cette même danse.

    Cette danse acrobatique et virevoltante est inspirée d’une vision qu’eut le grand maître bhoutanais Péma Lingpa au XVe siècle (pour plus de détails sur cette dance, voir “Bhutan: terre de sérénité”, Editions La Martiniére)

     

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    Publications

    L’art de la méditation

    L’art de la méditation
    Matthieu Ricard

    Si l'art de méditer est un cheminement que même les plus grands sages apprennent tout au long de leur vie, s'y initier au quotidien transforme déjà notre regard sur nous-mêmes et sur le monde. En trois chapitres très concrets (« Pourquoi méditer ? », « Sur quoi ? », « Comment ? »), Matthieu Ricard ouvre les voies de la méditation au plus néophyte des lecteurs. À chaque étape de son enseignement, il s'appuie sur des exemples, des images qui permettent de passer du concept à la pratique. Riche de sa double culture, de son expérience de moine, de sa connaissance des textes sacrés, de sa fréquentation des maîtres, il montre le caractère universel d une méditation fondée sur l amour altruiste, la compassion, le développement des qualités humaines. Et les bienfaits évidents que l'exercice de la méditation peut apporter à chacun dans notre société ultra-individualiste et matérialiste.
    NiL Editions 2008

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    Bhoutan : Terre de sérénité

    Bhoutan : Terre de sérénité
    Matthieu Ricard

    Niché au cœur de la chaîne himalayenne entre l’Inde et la Chine, le Bhoutan demeure de nos jours un pays méconnu. Rares sont les photographes ayant obtenu la permission de résider dans ce royaume oublié et longtemps inaccessible, devenu aujourd’hui une démocratie ; un pays qui vit encore au rythme de ses traditions dans des paysages à la beauté inchangée. Matthieu Ricard séjourna huit ans au Bhoutan auprès de son maître spirituel Dilgo Khyentsé Rinpotché. En tant que moine bouddhiste, Matthieu Ricard a été témoin de cérémonies religieuses inaccessibles à la plupart des visiteurs, et le témoin également de la vie de ce grand maître bouddhiste. Il a découvert des œuvres d’art exceptionnelles et partagé la vie quotidienne des villageois bhoutanais. Au travers de ses photos d’une beauté saisissante et d’un texte fourmillant d’informations, on découvre ses rencontres et ses expériences passionnantes. Cet ouvrage magnifique est un voyage sublime au cœur du Bhoutan, écrin d’une sagesse préservée, où spiritualité et vie quotidienne sont intimement liées. 
    Editions de la Martinière 2008
    978-2732437521

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    Kalachakra : Un mandala pour la paix

    Kalachakra : Un mandala pour la paix 
    Olivier Adam, Manuel Bauer, Matthieu Ricard et Sofia Stril-Rever

    Un mandala pour la paix permet de suivre les différentes phases de la construction d'un mandala de sables lors de la cérémonie de la Roue du temps, ou Kalachakra, grand rituel d'initiation que le Dalaï-lama a transmis une trentaine de fois de par le monde. C'est au VIe siècle avant J.-C. que le Bouddha Shakyamuni enseigna ce parcours de couleurs, conçu comme la projection sur une surface plane de son chemin vers l'Eveil. Aujourd'hui, ce rite est perpétué dans des monastères et des lieux publics, en Occident. Les officiants déposent dans un diagramme tracé à la craie sur une table, des sables colorés dont le symbolisme représente l'inscription de la conscience humaine dans la vie universelle. En conclusion, le mandala est rituellement démantelé. Les sables sacrés sont recueillis dans une urne, puis versés dans une rivière, un lac ou l'océan. Le grand cycle de l'eau emporte les bénédictions de Kalachakra, pour le bien de tous les vivants, dans tous les mondes.
    Editions de la Martinière 2008

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    Un voyage immobile : L'Himalaya vu d'un ermitage

    Un voyage immobile : L'Himalaya vu d'un ermitage
    Matthieu Ricard

    Pendant une année, Matthieu Ricard, photographe et moine bouddhiste, a séjourné dans la solitude d'un ermitage sur les hauteurs de Katmandou. Immergé dans cette nature spectaculaire, entre les vallées verdoyantes du Népal et la chaîne himalayenne, il est resté à l'écoute de la nature, attendant chaque jour la lumière qui s'offrait à ses yeux émerveillés. C'est ce chemin qu'il nous invite à emprunter aujourd'hui. Voyage visuel et spirituel au cœur des contreforts de l'Himalaya népalais, ce recueil photographique, fruit de cette longue " attente sans attente ", fait du lecteur le témoin privilégié de cette nature grandiose dont l'harmonie se mêle à la paix de la méditation.
    Editions de la Martinière 2007

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    Au cœur de la compassion: Commentaire des Trente-Sept Stances sur la pratique des bodhisattvas

    Au cœur de la compassion: Commentaire des Trente-Sept Stances sur la pratique des bodhisattvas
    Dilgo Khyentsé Rinpotché ; traduit par le comité de traduction Padmakara

    Ces extraordinaires enseignements, manuel de formation composé au XIV è siècle par Ngulchu Thogmé Zangpo est expliqué de manière détaillée par Dilgo Khyentsé Rinpotché, l’un des grands maîtres bouddhistes tibétains du XX è siècle. Ces enseignements ont été une source d’inspiration pour des générations de pratiquants bouddhistes, appartenant à toutes les traditions. Le commentaire de Dilgo Khyentsé Rinpotché sur ce texte classique représente l’enseignement le plus important qui ait été enregistré sur la pratique du Mahayana.
    Padmakara 2008

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    Tibet : Regards de compassion

    Tibet : Regards de compassion
    Matthieu Ricard

    Cela fait plus de trente ans que Matthieu Ricard réside dans l’Himalaya. Matthieu Ricard invite ici à un voyage extérieur et intérieur au cœur de la spiritualité bouddhiste mais aussi rend compte de la vie quotidienne et des fêtes célébrées par les populations du Tibet intérieur. Le lecteur suit les pèlerinages effectués par les grands lamas du Tibet oriental. Cet ouvrage illustre le talent artistique des artisans xylographes travaillant à l’intérieur de la gigantesque et fascinante imprimerie de Dergué, et va à la rencontre des ermites vivant dans un l’isolement totale de la lointaine région du Kham. Il s’agit d’une exceptionnelle présentation de ces expériences et témoignages illustrés par 191 photos couleur exceptionnelles.
    Editions de la Martinière 2006

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    Les cent conseils de Padampa Sangyé

    Les cent conseils de Padampa Sangyé 
    Padampa Sangyé et Dilgo Khyentsé Rinpotché ; par le comité de traduction Padmakara

    Ce livre de Padampa Sangyé, grand maître et érudit du XI è siècle, comporte un commentaire de Dilgo Khyentsé Rinpotché. Il prodigue des conseils à tous les méditants qui tentent de vivre dans le monde de tous les jours et veulent maintenir leur pratique des enseignements bouddhistes.
    Padmakara 2000

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    Plaidoyer pour le bonheur

    Plaidoyer pour le bonheur
    Matthieu Ricard

    Nous aspirons tous au bonheur, mais comment le trouver, le retenir et même le définir ? A cette question philosophique par excellence, traitée entre pessimisme et raillerie par la pensée occidentale, Matthieu Ricard apporte la réponse du bouddhisme : une réponse exigeante mais apaisante, optimiste et accessible à tous. Cesser de chercher à tout prix le bonheur à l'extérieur de nous, apprendre à regarder en nous-mêmes mais à nous regarder un peu moins nous mêmes, nous familiariser avec une approche à la fois plus méditative et plus altruiste du monde... Riche de sa double culture, de son expérience de moine, de sa fréquentation des plus grands sages, de sa connaissance des textes sacrés aussi bien que de la souffrance des hommes, l'ambassadeur le plus populaire et le plus reconnu du bouddhisme en France nous propose une réflexion passionnante sur le chemin du bonheur authentique et les moyens de l'atteindre.
    NiL Editions 2003

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    La citadelle des neiges

    La citadelle des neiges
    Matthieu Ricard

    Le voyage initiatique d’un enfant bouthanais jusqu’à l’un des lieux les plus sacrés du bouddhisme. Ce lieu, vous ne le trouverez sur aucune carte, Matthieu Ricard l’a ici réinventé pour ne pas troubler son infinie quiétude, et pourtant il existe… Une parabole empreinte de sagesse et de poésie, accessible à tous, qui ouvre de nouveaux horizons. 
    NiL Editions 2005

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    L’infini dans la paume de la main

    L’infini dans la paume de la main 
    Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan

    Lors de la rencontre entre Matthieu Ricard, chercheur en biologie devenu moine bouddhiste, et l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan, professeur d’astronomie à l’université de Virginie et auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique, tous deux évoquèrent les rapports frappants qui existent entre les enseignements du bouddhisme et la science. Cet ouvrage, écrit sous forme d’un dialogue entre amis, recrée l’atmosphère passionnante d’une dévouverte.
    NiL Editions - Fayard 2000

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    Moines danseurs du Tibet

    Moines danseurs du Tibet
    Matthieu Ricard

    Matthieu Ricard nous révèle grâce aux superbes photos et au texte riche en informations la signification des danses sacrées bouddhistes du Tibet dans lesquelles chaque geste et chaque mouvement constitue une méditation en eux-mêmes. Ces danses occupent une place fondamentale dans les enseignements du bouddhisme tantrique.
    Albin Michel 1999

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    Himalaya bouddhiste

    Himalaya bouddhiste
    Danielle Föllmi, Olivier Föllmi et Matthieu Ricard

    Des photos spectaculaires dépeignent la beauté des paysages himalayens majestueux, des peuples du Tibet ( maîtres spirituels ou humbles bergers ), des lieux et édifices sacrés. Cette harmonieuse mosaïque visuelle décrivant la richesse inégalable de la civilisation du Toit du Monde est magnifiée par les contributions d’éminents spécialistes et par les réflexions des plus grandes personnalités politiques et spirituelles de l'Himalaya bouddhiste. Chacun des vingt et un auteurs, depuis Galen Rowell, photographe célèbre, jusqu’au Dalai lama, nous offre sa propre vision de l’Himalaya bouddhiste et des hommes qui peuplent cette terre magique.
    Editions de La Martinière 2002 / 2008

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    Shabkar : Autobiographie d'un yogi tibétain

    Shabkar : Autobiographie d'un yogi tibétain
    Shabkar ; traduit par Matthieu Ricard et Carisse Busquet

    L’autobiographie de Lama Shabkar, (yogi tibétain du XVIII - XIX è siècle) texte connu et revéré dans tout le Tibet, est l’ouvrage le plus populaire après les oeuvres de Milarepa. Ce récit inspirant rédigé en vers et en prose, raconte la vie d’un ermite itinérant depuis son enfance jusqu’au plein et ultime accomplissement spirituel. Traduction française en deux volumes.
    Albin Michel 1998-1999

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    L’esprit du Tibet

    L’esprit du Tibet
    Matthieu Ricard

    Un portrait inspirant et superbe de la vie et du monde de Dilgo Khyentsé Rinpotché vu à travers l’objectif de Matthieu Ricard, photographe et moine bouddhiste qui fut le secrétaire et l’assistant personnel de Dilgo Khyentsé Rinpoche pendant les quatorze dernières années de sa vie.
    Editions du Seuil 1998

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    La fontaine de grâce

    La fontaine de grâce
    Dilgo Khyentsé Rinpotché ; traduit par le comité de traduction Padmakara

    Les instructions de cet ouvrage, fondées sur les enseignements de Rigdzin Jigmé Lingpa, grand maître et visionnaire tibétain du XVIII è siècle, traitent principalement des pratiques du Gourou Yoga et de l’expérience qui consiste « à fondre son esprit dans celui du Maître. » 
    Padmakara 1997

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    Le moine et le philosophe

    Le moine et le philosophe
    Jean-François Revel et Matthieu Ricard

    Dialogue entre un père et un fils : discussions sur le sens de la vie entre un philosophe mondialement célèbre, pilier de la vie intellectuelle française, et son fils qui abandonna sa carrière scientifique pour devenir moine bouddhiste. Ils opposent l’Orient et l’Occident, débattent des idées sur la vie, la science et l’humanisme, et exposent leur sagesse sur la manière d’enrichir notre façon de vivre.
    NiL Editions 1997

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    Au seuil de l’éveil

    Au seuil de l’éveil
    Dilgo Khyentsé Rinpotché ; traduit par le comité de traduction Padmakara

    Dilgo Khyentsé Rinpotché explique ici un texte clé des pratiques préliminaires du Vajrayana. Ces enseignements à la fois clairs, directs et personnels éclairent le cœur de la pratique du Vajrayana.
    Padmakara 2000

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    Le trésor du cœur des êtres éveillés

    Le trésor du cœur des êtres éveillés
    Dilgo Khyentsé Rinpotché; traduit par le comité de traduction Padmakara

    Le commentaire de Dilgo Khyentsé Rinpotché, fondé sur un enseignement magistral écrit par Patrul Rinpotché au XIX è siècle, nous somme d’examiner de manière critique nos préoccupations matérialistes. Il s’agit donc ici d’un enseignement pratique permettant de suivre la voie bouddhiste qui commence par les motivations élémentaires et culmine sur l’expérience directe de la réalité. 
    Editions du Seuil 1997

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    • Les êtres sensibles indisciplinés sont infinis comme l'espace. Néanmoins, lorsqu'on maîtrise son propre esprit, c'est comme si l'on avait détruit tous les ennemis extérieurs.
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    • Se considérer comme supérieur aux autres, c'est être soi-même son pire ennemi et aller droit à la ruine. Le mal, la peur et la souffrance qui règnent dans ce monde ont une même origine : l'attachement au "Moi"



    • Plus nous aurons donné de sens à notre vie, moins nous éprouverons de regret à l'instant de la mort. L'avantage de développer une conscience de la mort, c'est que cela aide à donner un sens à la vie.


    • L'esprit est en perpétuel devenir. Aussi, peu importe l'intensité de l'émotion perturbatrice : il y a toujours un moyen de changer, la transformation est toujours possible. Faire un effort, voilà ce qui vaut réellement la peine.

     

     

    • Notre adversaire déclaré devrait être les émotions perturbatrices, et non pas nos semblables, eux aussi affligés et submergés par elles.



    • Chaque religion, avec sa propre philosophie, ses propres traditions, se fixe pour objectif d'apaiser les souffrances de l'esprit humain. Il importe peu de savoir si telle religion est supérieure à telle autre. Ce qui compte, c'est de savoir laquelle est la mieux adaptée aux attentes de chacun.

     



    • Il ne faut jamais se dire que l'on est incapable de pratiquer sérieusement ou de cultiver des qualités nouvelles.

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    • Que nous devions obéir à toutes les lois, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, est une invention récente.
    • Puisque j'ai rejeté l'épée, il n'est plus rien d'autre que la coupe de l'amour que je puisse offrir à ceux qui se dressent contre moi.



    • Ma vie est mon seul enseignement.



    • Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n'est pas impossible que tout le monde ait tort.



    • La règle d'or de la conduite est la tolérance mutuelle, car nous ne penserons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu'une partie de la vérité et sous des angles différents.



    • La véritable éducation consiste à tirer le meilleur de soi-même. Quel meilleur livre peut-il exister que le livre de l'humanité ?



    • Des parents sages permettent à leurs enfants de se tromper. Il est bon qu'ils se brûlent les doigts de temps en temps.



    • Le fatalisme a des limites. Nous devons nous en remettre au sort uniquement lorsque nous avons épuisé tous les remèdes.



    • Je m'oppose à la violence parce que lorsqu'elle semble produire le bien, le bien qui en résulte n'est que transitoire, tandis que le mal produit est permanent.



    • L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.



    • Mieux vaut mettre son coeur sans trouver de paroles que de trouver des mots sans y mettre son coeur.



    • Mon exigence pour la vérité m'a elle-même enseigné la beauté du compromis.



    • La haine tue toujours, l'amour ne meurt jamais.



    • Je ne veux pas que ma maison soit murée de toutes parts, ni mes fenêtres bouchées, mais qu'y circule librement la brise que m'apportent les cultures de tous les pays.




    • Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'homme, mais pas assez pour assouvir son avidité.

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